La Médecine du travail d’un service interentreprises a fait valoir son droit d’alerte auprès d’une Direction d’un grand équipementier du secteur médical. S’appuyant sur un diagnostic de symptômes caractérisés d’épuisement professionnel associé à la prise de psychotropes, le phénomène concerne plusieurs techniciens de maintenance travaillant au sein d’une agence régionale. Par ailleurs, plusieurs plaintes portant sur une dégradation des conditions de travail ont été adressées à l’encadrement par ces professionnels. La mission d’expertise a été confiée au cabinet par le CHSCT, plus de sept mois après le premier signalement de la Médecine du Travail.
La demande visait à analyser d'une part les facteurs organisationnels ayant abouti à la dégradation des conditions de travail de plusieurs salariés techniciens de maintenance avec un risque élevé d'épuisement professionnel, signalé par la médecine du travail, et d'autre part, à émettre des recommandations concernant la démarche de prévention des risques psychosociaux dans l'entreprise.
Deux objectifs ont été fixés à l’expertise compte tenu du délai survenu entre signalement et information des instances :
• Réaliser un diagnostic des facteurs de tension et de régulation propres au métier de technicien de maintenance sous plusieurs angles : spécificités de l’organisation, dimensionnement de l’effectif en lien avec l’évolution de la charge, méthodes de management «à distance» et modalités de reconnaissance, coopération et relations fonctionnelles.
• Analyser les effets des mesures correctives et préventives nouvellement adoptées par l’entreprise depuis l’alerte de la Médecine du travail.
Le modèle théorique des six dimensions de la DARES (2010) des RPS a été adopté comme grille d’analyse des facteurs de déséquilibre en vue d’alimenter la démarche de prévention de l’entreprise. Dans le contexte particulier de cette expertise (un nombre restreint de salariés dont certains potentiellement en situation de souffrance), le cabinet ARETE a privilégié une méthode fondée sur une analyse qualitative et compréhensive.
La démarche d’expertise comprenait 3 phases :
1/ Un pré-diagnostic permettant d’acquérir une vision globale de l’entreprise et de l’évolution de son organisation : analyse documentaire d’indicateurs sociaux et d’indicateurs d’activité permettant d’apprécier l’évolution de la charge de travail ; entretiens de cadrage avec des membres de la Direction.
2/ Des entretiens individuels avec le management intermédiaire et le personnel constitué aux deux tiers de techniciens de maintenance (métiers nomades).
3/ Une dernière étape d’exploitation des données avec élaboration et présentation d’un rapport de conclusion de la mission.
Un ensemble de recommandations et de points de vigilance a été formulé au cours de l’expertise autour de trois axes principaux :
• La charge de travail et sa répartition,
• L’intérêt du métier en lien avec l’autonomie,
• La qualité des relations fonctionnelles.
Sur le fond, ARETE a recommandé à l’entreprise d’affiner le premier diagnostic réalisé par l’expertise sur les phénomènes de sous-effectif selon les spécialités de chaque technicien de maintenance d’autant que l’entreprise envisageait une refonte de son offre de services de maintenance avec un risque de charge de travail supplémentaire durant la transition. Dans le même temps, il s’agissait de redonner sens à l’activité de ces professionnels, de veiller au développement de leurs compétences tout en préservant la qualité du soutien social entre pairs et encadrants par le biais de rencontres régulières sur le lieu de travail. Pour ces métiers nomades, la préservation du lien social et une dynamique collective de travail demeurent les meilleurs moyens de préserver leur santé dans un environnement organisationnel par nature très évolutif.