L'entreprise a subi d'importants changements après avoir été rachetée et intégrée comme filiale d'un groupe. Le CHSCT a été de nombreuses fois alerté sur la recrudescence des cas de souffrance mentale en relation avec le travail dans un secteur de l'entreprise. Il souhaite donc comprendre les causes fondamentales de ce phénomène, convaincu que seule la compréhension des fondements de ces situations est à même de les endiguer. Le CHSCT fait donc faire appel aux conseils du cabinet Eretra, spécialisés en prévention des risques professionnels.
La mission confiée à Eretra consiste à apporter au CHSCT des éléments lui permettant d’identifier les facteurs de risques auxquels les salariés sont exposés, afin qu’il puisse proposer des mesures de prévention adaptées pour contribuer à la protection de la santé physique et mentale et de la sécurité des travailleurs de l’établissement. Il s'agit en particulier de : - Analyser les situations de travail actuelles afin d’établir un diagnostic des situations et de leurs effets sur les conditions de travail, d’emploi, de sécurité et de santé des salariés. - Rechercher et identifier les facteurs de risques des situations citées précédemment et analyser les conséquences sur la santé des salariés. - Rechercher des mesures de prévention permettant l’élimination des risques et des contraintes sur ces risques psychosociaux et en tirer les enseignements qui s’imposent. - Aider le CHSCT à avancer des propositions de prévention des risques professionnels et d’amélioration des conditions de travail.
Les objectifs qui ont été définis avec le CHSCT : Mettre en lumière et objectiver par l’analyse de l’activité réelle l’implication de l’organisation du travail et de ses évolutions dans la production de risques capables de provoquer des atteintes à la santé psychologique des salariés. - Circonscrire l’analyse au service concerné au regard de la spécificité de ses métiers et de sa place dans l’organisation de l’entreprise. - Permettre au CHSCT de faire progresser la prévention dans le domaine des risques psychosociaux en complément des actions déjà entreprises.
La première phase d’analyse de la demande a permis de proposer une démarche en appui sur la méthodologie propre à l’ergonomie. - Une phase de pré-diagnostic Il s’agit de comprendre le fonctionnement de l’organisation en place et de réaliser une analyse sociotechnique à partir d’entretiens avec les partenaires de la prévention dans l’entreprise et les principaux responsables. - Une phase de diagnostic L’objectif est de construire une représentation pertinente des conditions de travail actuelles des salariés, de comprendre le rôle de l’organisation du travail dans la création de facteurs de risques psychosociaux, et d’identifier les savoir-faire de prudence et les actions de prévention mis en œuvre dans les situations de travail. 28 entretiens individuels ont été réalisés avec des salariés volontaires représentant les différentes fonctions existant au sein du service. Ils ont été complétés par 6 journées d’observation réalisées avec l’accord des salariés concernés dans des situations de travail variées. - Une phase de rédaction Le rapport remis au CHSCT comprend : - Une analyse des données sur la population, des indicateurs de santé au travail et de la politique de prévention des risques professionnels de l’entreprise. - Une présentation du service concerné et ses évolutions en relation avec nos hypothèses de travail. -Notre diagnostic des situations de travail avec les facteurs de risques identifiés. -Une conclusion et des pistes de recommandation à destination du CHSCT. Le rapport a ensuite été présenté et commenté en CHSCT.
L’analyse menée montre que les évolutions connues par le service et les incertitudes qu’elles engendrent constituent des facteurs de risques pour la santé psychologique des salariés. Au-delà des indicateurs de santé analysés, des effets sont d’ores et déjà observables. Différents facteurs psychosociaux de risques inhérents à l’organisation du travail actuelle du service et à ses évolutions ont été identifiés : charge de travail, moyens matériels ou techniques, perte d’autonomie, qualité du travail empêchée, injonctions contradictoires, relations avec la hiérarchie, manque de reconnaissance et de perspectives pour l’avenir… Les recommandations ont porté sur : - la conception d'une organisation du travail permettant de lier les enjeux de performance de l’organisation et de santé des travailleurs en mettant les savoir-faire et les métiers au centre de la réflexion. - la mise au point d'un organigramme et des fiches de postes opérants, - l'identification et la reconnaissance des compétences, - l'intégration des RPS dans l'évaluation des risques professionnels, - la construction de collectifs de travail au sein du service, - la qualité des relations sociales entre collègues et avec la hiérarchie, - la nécessité de donner des perspectives plus claires aux salariés. - Le Responsable du service s'est engagé à revoir la communication au sein du service. L'observatoire des RPS, mis en place dans l'entreprise préalablement à la mission, s'est saisi du rapport afin de le décliner au niveau opérationnel.